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Discours de l'Ambassadeur Dietrich Becker lors de la célébration du Jour de l'Unité allemande le 7 novembre 2024
Madame, Messieurs les Ministres,
Madame, Messieurs les représentants des autorités burkinabè,
Madame, Messieurs les Chefs de Représentations diplomatique, et consulaires, chers collègues,
Madame, Messieurs les Représentants des organisations internationale,
Madame, Messieurs représentants de la société civile et des force vifs burkinabè,
Chers invités dans vos rangs et capacités,
Chers amis de l’Allemagne,
Dans un monde devenu de plus en plus compliqué, dangereux, avec des menaces contre la dignité des êtres humains, contre les souverainetés des états et contre les droits humains et la vie des individus, il y a heureusement aussi des moments de bonheurs, de joie, des moments qui donnent l´espoir.
Aujourd’hui nous célébrons un tel moment, le moment où le peuple allemand a retrouvé son unité et sa souveraineté au sein de la famille européenne.
Cette année encore, nous ne célébrons pas la journée de l’unité allemande à sa date officielle qui est le 3 octobre. La raison est simple et - dans la bonne tradition allemande de pragmatisme: Il s'agit d´éviter que cette célébration soit gênée par une forte pluie, ce qui est très probable en début octobre.
Avec la célébration d’aujourd´hui nous ne sommes pas trop loin du 9 novembre, jour très particulier dans l’histoire allemande. En effet :
- Le 9 novembre 1918 une révolution qui a commencé par le matelot à Kiel a ouvert le chemin vers la première démocratie allemande et la chute de la monarchie allemande responsable de crimes coloniaux.
- Le 9 novembre 1938, les pogromes contre la population juive a fait voir la grimace de l’antisémitisme,
- Le 9 novembre 1989 le mur de Berlin est tombé et a mis fin à un régime qui a transformé l’Allemagne de l'Est en prison en se basant sur les cuirasses soviétiques.
Ainsi, l’Allemagne a retrouvé le 3 octobre 1990 sa souveraineté, mais a aussi continué le processus de céder une partie de sa souveraineté en faveur de la l’Union européenne, au profit de notre grande famille.
Comme résultat, l’Allemagne d’aujourd’hui est entouré seulement par des pays amis, quel bonheur.
Après des guerres sanglantes, les deux pays voisins, la France et l’Allemagne, dits ennemis jurés, sont devenus des amis étroitement liés et les moteurs de l’intégration européenne.
À l’est, l'Allemagne et la Pologne, pays qui a souffert par l'impérialisme allemand, l’impérialisme soviétique et russe, les violences et les destructions pendant la deuxième guerre mondiale se sont réunis côte à côté pour bâtir une Europe basée sur le droit, la démocratie, le compromis et la coopération. Un préalable était la reconnaissance de leurs frontières, résultat de la deuxième guerre mondiale, comme inviolable.
L'unification de l’Allemagne s’est faite grâce à une révolution pacifique en parallèle avec des révolutions en Tchécoslovaquie, dans les pays baltes, dans l'union soviétique elle-même. Les peuples ont dit non à l'impérialisme soviétique qui se cachait derrière une idéologie socialiste/communiste présume anti-impérialiste.
Excellences, Mesdames, Messieurs,
Les périodes sombres de notre histoire, telles que, les deux guerres mondiales, l’holocauste, le génocide aux Namas et aux Héréros en Namibie, la répression en Tanzanie par l'impérialisme allemand nous ont donné des leçons:
- travailler pour une intégration européenne et même renoncer à une partie de sa souveraineté
- travailler pour la coopération internationale basée sur des règles communes
- ne plus jamais laisser une guerre se déclencher à partir de l’Allemagne.
- ne plus jamais permettre des crimes de guerres, le fascisme, l’antisémitisme, la persécution des minorités.
La dernière leçon est la raison pour laquelle la constitution de la République fédérale d’Allemagne adoptée en 1949 commence par ces mots:
La dignité des êtres humaines est intangible.
Cela s’applique à toute personne: N´import que origine, handicapée, personne âgée, musulmane, chrétienne, athée, refugiée, homosexuelle, demandeur d´asile, criminel ou prisonniers de guerre.
Le 3 octobre 1990 a donc été une journée de joie. Une journée où nous avons eu l’espoir d’un monde pacifique, d’un avenir où les frontières vont disparaitre. Nous tous avons espéré qu’il n’y ait plus jamais de guerre en Europe, et peut-être même dans le monde
Nous nous trompions.
Nous éprouvons encore des guerres meurtrières en Afrique, au Soudan par exemple et surtout au Burkina et dans ses pays voisins. Je souhaite profiter de l'occasion pour exprimer ma compassion et ma solidarité avec les Burkinabè qui souffrent, qui ont perdu des proches et qui montrent cette énorme résilience face à une situation qui perdure depuis maintenant des années.
Nous voyons encore une guerre d’agression en pleine envergure en Europe, les bombardements d'infrastructure civile, des écoles, même des hôpitaux.
En Europe, avec des millions de réfugies ukrainiens, l’impact de cette guerre d´agression se ressent même dans les familles allemandes qui reçoivent des réfugiés dans leurs maisons, comme les Burkinabè le font avec les PDI.
La guerre d’agression contre l’Ukraine et le non-respect de la charte de l’ONU par la Russie nous a montré aussi qu'il faut être prêt à défendre ses valeurs. Comme communauté internationale, nous devons regagner notre capacité à régler les différences de point de vue par le dialogue et la diplomatie, regagner notre capacité à régler les problèmes qui touchent le monde entier comme le changement climatique.
Excellences, Mesdames, Messieurs,
L'Allemagne a tiré des leçons de son histoire, mais l'Allemagne contemporaine n'est pas exempte de fautes dans sa politique étrangères. Surtout dans un monde qui se développe aussi vite.
Je suis arrivé au Burkina en Mai je tiens à vous remercier pour le chaleureux accueil que on m´avez depuis ma prise de service.
Lors de mes différents entretiens, j’ai remarqué un respect mutuel, une convergence de point de vue sur beaucoup de sujets et la volonté en mêmes temps de développer d’avantage la coopération dans les champs d´intérêts communs.
Mais les leçons de l’histoire tirées par l’Allemagne, enracinées dans l’opinion publique, et exprimées dans le Bundestag, le parlement allemand, sont aussi visibles dans notre politique extérieure dont les éléments importants sont :
- Agir ensemble avec les partenaires européens,
- Agir dans le cadre de l’ONU
- Soutenir le développement des droits humains
- Travailler pour l´égalité de genre
- Promouvoir la démocratie, la liberté d’expression
- Combattre le racisme et l’antisémitisme
- Agir pour aider les victimes des crise humanitaires
Excellences, Mesdames, Messieurs,
L'Allemagne a toujours été aux côtés des Burkinabè et le restera. J'ai toujours souligné et je le souligne encore : L'Allemagne respecte les décisions d'un Burkina Faso souverain. L'Allemagne respecte un Burkina Faso qui se bat pour cette souveraineté, son intégrité, sa sécurité et son développement.
En témoigne l'engagement financier à hauteur de 43 milliards FCFA que nous avons fait cette semaine, destiné d’une part à poursuivre le financement de projets de développement en cours et d’autre part à démarrer sur la base des priorités et orientations du gouvernement du Burkina Faso de nouveaux projets, dans le domaine de l'agriculture, de l'eau et assainissement et de l'aide aux communautés touchées par la crise sécuritaire.
Notre soutien aux efforts du gouvernement burkinabè à promouvoir les droits humains, surtout en faveur de l'égalité de genre et notre collaboration continue avec les ONG et la société civile, dont plusieurs partenaires sont parmi nous ce soir, témoignent également de notre engagement.
Enfin, comme témoin de notre engagement, nous pouvons citer aussi le Goethe Institut, connu à Ouagadougou et dans le pays pour ses cours de langue de qualité, sa programmation culturelle innovative mais dernièrement pour son rôle de promouvoir la formation professionnelle et encourager la migration circulaire entre nos deux pays.
Au-delà de la coopération bilatérale, le Burkina Faso et l'Allemagne connaissent aussi une tradition de coopération au niveau multilatérale, une tradition qui doit nous inspirer à continuer de travailler ensemble pour nos intérêts communs, à savoir: Le respect de la charte de l'ONU, le développement du multilatéralisme et le respect de la souveraineté de chaque État dans ses frontières reconnues.
Vive l’Unité allemande, vive l’Europe, vive le Burkina Faso souverain et indépendant!